lundi 8 mai 2023

Les Jardins de Touvoie, à proximité du Mans.

 Les jardins botaniques.

Depuis l'origine, les êtres humains ont acquis des connaissances sur les plantes pour l'alimentation, la médecine, la construction et les multiples usages domestiques.
Dans l'Antiquité, plusieurs jardins botaniques sont connus; en Perse les jardins de Mithridate, à Athènes ceux du savant grec Théophraste et du médecin Dioscoride et à Rome ceux d'Antonius Castor, médecin romain.
Au Moyen-Age, les jardins des abbayes et monastères sont dédiés principalement à la culture des plantes médicinales.



A la Renaissance au seizième siècle, on assiste en Europe, particulièrement en Italie, à multiples créations de jardins botaniques, souvent rattachés à des universités, pour l'étude scientifique des plantes, mais aussi pour l'acclimatation de plantes nouvelles importées par les routes commerciales, les explorations terrestres et maritimes.



Quelques exemples des premiers jardins botaniques en Europe:

    - en 1530, à Marbourg (Allemagne), par Euricius Cordus qui fonde une école botanique.

    - vers 1540, à Touvoie, près du Mans, un jardin botanique d'acclimatation est créé par René du Bellay, évêque du Mans, en relation avec Pierre Belon, naturaliste sarthois.

    - en 1544, à Pise (Italie), un jardin créé par un botaniste avec le soutien des Médicis . Il fut visité par le naturaliste sarthois Pierre Belon. C'est le plus ancien jardin botanique au monde encore visible.

    - en 1545 à Florence, à Padoue, jardin cité par Pierre Belon.

    - en 1568 à Bologne.

    - en 1577 à Leyde ( Pays-Bas), un jardin est créé pour l'université de médecine puis développé par le botaniste Charles de l'Ecluse.

    - en 1593, à Montpellier pour les besoins de l'université, c'est le jardin botanique  le plus ancien de France, encore visible.

Près du Mans, le premier arboretum français.

Contemporain des jardins botaniques de Toscane, le jardin de Touvoie qu'on définirait aujourd'hui comme un arboretum, est le premier recensé en France.

René du Bellay (1500-1546), évêque du Mans entre 1535 et 1542) passionné de botanique, créé un jardin botanique dans la propriété du manoir de Touvoie, possession de l'évêché du Mans.
Cette propriété est actuellement située à Sainte Corneille, en limite de Savigné l'évêque.
Mgr René du Bellay s'intéresse à l'acclimatation des plantes dans notre région, autant pour leur intérêt ornemental que pour un usage forestier ou domestique. Toutes ces plantes exotiques parviennent à Touvoie en transitant souvent par l'Italie et principalement par la Toscane où elles ont déjà été importées d'Orient par les voies maritimes vénitiennes ou gênoises.
Pour la fourniture des plantes, René du Bellay utilise ses relations, dont celle de Pierre Belon, botaniste voyageur sarthois qui, au fil des ses voyages et par ses contacts, envoie des plantes à Touvoie. 

Pierre Belon cite ce jardin d'expérimentation dans son ouvrage "Les Remonstrances sur le default de labour et de la coignaissance des plantes...":
"Aussi est encor de ceste heure, nostre estude supportée, de la singulière bonté et libéralité de feu monsieur René du Bellay Evesque du Mans, et duquel autrefois avons receu bienfaicts de nostre jeune age, et non que pour lui avoir communiqué des semences de plusieurs plantes apportées d'Italie et Almaigne, et Flandres, et desquelles encor en durent aucunes, embellissant le jardin de Touvoie, qu'il a édifié pres de la ville du Mans."

Même si on ne connait pas la liste exacte des plantes cultivées à Touvoie, dans plusieurs écrits, il est mentionné la présence de tinus, de chênes verts, de chênes lièges, de caroubiers, arbousiers, platanes d'Orient, de tabac (nicotianae), d'hellebores et bien d'autres plantes. 
Les platanes d'Orient de Touvoie seraient les premiers plantés en France.
D'autres envois peuvent provenir par l'intermédiaire de son frère Jean du Bellay, évêque, diplomate et féru d'architecture qui dispose d'un réseau étendu, notamment avec l'Italie.

Hélas, les travaux de modification des abords du manoir, réalisés par les évêques suivants  peu soucieux du riche patrimoine créé par René du Bellay, amèneront la suppression du jardin botanique de Touvoie, dont il ne reste pas de traces. Le manoir, remanié depuis le seizième siècle, est privé et non visitable.

Le projet d'un jardin botanique royal.

Pierre Belon, qui a visité plusieurs jardins botaniques en Italie et a collaboré à l'arboretum de Touvoie, près du Mans, propose au roi Henri II la création d'un jardin pour l'acclimatation d'essences exotiques. Son projet retient l'attention du roi mais ne peut aboutir, faute de financements. Il essaiera de relancer ce projet auprès de CharlesIX, successeur de Henri II, mais sans pouvoir aboutir.



                                                                                                        Jacques Berteraut


vendredi 16 décembre 2022

 Ginkgo . Retour à l'origine .




Depuis fort longtemps, les moines bouddhistes avaient importé le ginkgo, comme une précieuse relique, depuis la Chine vers le Japon et la Corée. 
Adopté, vénéré, cet arbre mystérieux a été planté à proximité des temples bouddhistes, là où plus tard, les européens l'ont découvert au Japon.


Retour à l'origine pour ce ginkgo qui s'épanouit à proximité d'un centre d'enseignement du bouddhisme, à l'orée de la forêt de Bercé.



Cet arbre a été planté par Jacques Brosse, écrivain et botaniste, lors d'un séjour dans ce centre.






"Qui n'a rêvé d'un arbre au printemps ? Qui n'a ressenti son calme épanouissement comme une invite ?
Même l'homme moderne, qui a perdu la faculté de s'émerveiller, sauf peut-être et pour un temps, devant les inventions nées de son cerveau, ne peut y rester insensible."

extrait du livre de Jacques Brosse: "Mythologies des arbres"




mardi 6 décembre 2022

Les Ginkgos du Mans 


Ginkgo au parc de Banjan . photo Yves V.


Durant les mois d'automne, les ginkgos au feuillage doré sont parmi les plus attrayants des arbres au feuillage coloré . Leur nombre ne m'est pas connu mais ils sont de plus en plus nombreux dans les espaces publics et les jardins privés . Voici une sélection de quelques ginkgos rencontrés au fil de mes promenades .

 Ginkgos anciens de grande taille .

Sur la ville du Mans, on trouve peu de sujets anciens de grande taille, celui du square des Jacobins est bien visible, se détachant des arbres dénudés .
Deux ginkgos anciens ont été abattus, celui proche de la cathédrale et un ginkgo femelle de grande taille situé sur l'emplacement du centre commercial des Jacobins ( photo manquante)

Ginkgo du square des Jacobins, vue depuis les parkings .


Disparu, le magnifique ginkgo de la cathédrale .

Dans l'enceinte de la cathédrale, à proximité des escaliers du jet d'eau, un ancien ginkgo a été abattu. Pouvait-il être déplacé ?. Des transplantations d'arbres de grande taille ont déjà été pratiquées, techniquement c'est possible, mais la reprise reste aléatoire . 
Pour cet arbre, les difficultés de transplantation étaient très importantes et la motivation était faible . Pour "compenser" un petit ginkgo a été planté sur la place des Jacobins .


Ginkgo de la cathédrale ( disparu) . photo Yves.V


Autres ginkgos plus récents

Dans plusieurs parcs, comme à Tessé, à Verdigné, à Banjan avec plusieurs exemplaires, les ginkgos plantés depuis plusieurs décennies ont prospéré .


Ginkgo du parc de Tessé .


Ginkgos du parc de Verdigné


Les quatre ginkgos du parc de Banjan .

Le parc de Banjan, riche de plusieurs essences d'arbres nous offre quatre beaux ginkgos  dans la moitié supérieure du parc . Ils ont été plantés à la création du parc .


Ginkgo du parc de Banjan



Ginkgo du parc de Banjan


Ginkgo du parc de Banjan

Ginkgo du parc de Banjan


Ginkgo isolé de la rue Hémon 

Ce ginkgo, planté récemment dans un environnement minéral se porte bien, est un exemple de la résistance de cet arbre en milieu urbain .

Ginkgo, à l'angle des rues Hémon et Montauban .


 Symboles d'éternité, des ginkgos dans les cimetières du Mans .

Traditionnellement, les cyprès et les ifs sont cités comme symboles d'éternité dans les cimetières . 
Les ginkgos, arbres venus du fond des âges, arbres résiliants protégés par l'homme, répondent aussi à la symbolique de ces lieux de mémoire  .


Ginkgo, allée centrale du cimetière de l'ouest .



Ginkgos, Jardin du Souvenir du cimetière Sud .

Ginkgos en bordure de voies 

Depuis quelques années au Mans, le ginkgo est aussi planté en accompagnement de voies, comme sur la rue des Maillets, avec un choix de variétés compactes.

Leur reprise semble assurée, nul doute que cet alignement sera remarquable dans quelques années .




Ginkgos de la rue des Maillets .



Ginkgos, placette quartier Clairefontaine


Ginkgos dans les jardins privés .

Le ginkgo, arbre de grande taille à l'âge adulte, n'est pas bien adapté aux jardins de petite taille,  dans les vingt premières années sa pousse lente permet d'en profiter . Maintenant, il existe des variétés horticoles plus compactes .

Ginkgo à l'entrée de la rue Prémartine ( jardin privé)




Ginkgo d'un jardin de la rue Jacob, photo de 2021 . cet arbre a été abattu .

Ginkgo, à l'étroit dans un jardin privé de la rue Yzeux .




Ginkgo masqué dans un jardin de Gazonfier



Un ginkgo femelle.
On peut voir,  dans un jardin privé de la rue des Victimes du Nazisme, un beau ginkgo  planté il y a 20 ans. Ses fruits, à l'automne, nous indiquent qu'il s'agit d'un pied femelle, ce qui est peu courant. 


Ginkgo vu de la rue des Victimes du nazisme .



Perle rare, c'est un ginkgo femelle








Ginkgo 

Ginkgo biloba . Arbre aux quarante écus 


Ginkgo . détail des feuilles à l'automne . photo Yves. V.

Véritable relique végétale, Ginkgo biloba est une espèce d'arbre qui ne peut se comparer à aucune autre . C'est pourquoi les botanistes ont créé pour elle le genre Ginkgo, et également une famille et un ordre à part .

Nom botanique, Ginkgo biloba .
L'origine du nom de genre botanique 'Ginkgo' est issu du japonais ' gin-kyo', transcription des idéogrammes signifiant "abricot d'argent" .
Le nom d'espèce ' biloba' a été choisi par le botaniste Linné, en référence aux feuilles à deux lobes de cet arbre .

Nom commun, Arbre aux quarante écus .
Le nom commun d' Arbre aux quarante écus est peu employé de nos jours . Il n'a pas pour origine la couleur dorée de l'écu, mais l'achat à un pépiniériste anglais en 1780, de plants de ginkgos (arbre très rare à cette époque) par Mr de Pétigny, un riche armateur français de Montpellier, pour la somme considérable à cette époque de quarante écus . 


Un fossile vivant .

Le Ginkgo peut être considéré comme un fossile vivant, seul survivant d'un groupe de plantes plus primitives que les conifères, il a survécu à la dérive des continents, à la formation de chaînes de montagnes, aux périodes glaciaires . Son origine remonterait au Jurassique, soit moins 200 millions d'années et les ginkgos actuels sont peu différents des espèces fossiles .



Un arbre rare dans le milieu naturel .




Le Ginkgo était présent sur plusieurs continents, il a failli disparaître et son habitat naturel s'est réduit à quelques rares emplacements reculés de la Chine ce qui explique qu'il n'a été découvert à l'état naturel qu'en 2008 .






En 1691, le médecin et botaniste allemand Kaempfer découvre le Ginkgo aux abords d'un temple bouddhiste à Nagasaki, la présence de cet arbre est due à l'action de l'homme et particulièrement celle des moines bouddhistes qui l'ont importé de Chine dès le dixième siècle pour le planter aux abords des temples au Japon et en Corée . 
Les Orientaux ont toujours vénéré le Ginkgo comme arbre sacré, aussi comme arbre protecteur censé conjurer le feu en écartant les incendies . En 1923, un gigantesque incendie ravagea Tokyo mais épargna un temple entouré de ginkgos .





Au Japon, le ginkgo est toujours vénéré et massivement planté . la ville de Tokyo compte plus de 65000 exemplaires .


Introduction du Ginkgo en Europe .

Premier ginkgo planté à Utrecht







Engelbert Kaempfer, botaniste et médecin, séjourna deux ans au Japon . Il s'intéressa à l'acupuncture et fut le premier à décrire le ginkgo .
Il envoya plusieurs graines au Jardin botanique d'Utrecht (Pays Bas) où le premier exemplaire planté en 1727 est toujours vivant . 
Le ginkgo fut ensuite introduit en Angleterre,en Autriche , en France, puis en Amérique du Nord où le plus vieux aurait été planté dès 1784 à Philadelphie.




Le ginkgo, un cadeau impérial .

Alignement de ginkgos à St Sulpice Laurière

En France, un alignement de ginkgos a été planté face à la gare de St Sulpice Laurière en Haute Vienne.
En 1864, ces arbres furent offerts par le frère de l'empereur du Japon à Mr de Leffe, ingénieur français qui avait travaillé à la construction d'une ligne de chemin de fer au Japon.












 En France, le ginkgo le plus ancien a été planté vers 1782 à Montpellier . Il se trouve aujourd'hui dans une propriété privée à proximité du Jardin des Plantes de la ville .




Caractéristiques .

Le ginkgo est un arbre dioïque avec des pieds mâles et femelles séparés, il peut atteindre 20 à 30m de haut, avec un silhouette pyramidale et des branches horizontales ou défléchies, il préfère les sols profonds mais reste peu exigeant et s'adapte bien à diverses conditions atmosphériques . Résistant à la pollution urbaine, il est bien adapté pour des plantations en ville, en accompagnement de voies. 
Ses feuilles d'une forme particulière, de couleur vert clair prennent des teintes d'un jaune éclatant à l'automne .


Les fruits des pieds femelles ressemblent à des mirabelles; en Orient ils sont consommés grillés et possèdent des vertus therapeutiques. Quant les fruits pourrissent, ils dégagent une odeur nauséabonde, ce qui explique que l'on plante surtout des pieds mâles .




Les "chichis", traduction du nom japonais signifiant mamelles sont des protubérances en forme de stalactites, à partir du tronc du ginkgo . ( à gauche et à droite du tronc sur cette photo).



exemplaire rescapé de l'explosion nucléaire




Le ginkgo, symbole de résilience .


Si sa réputation de résister au feu et protéger les bâtiments proches n'est pas expliquée, sa résilience suite aux bombardements nucléaires sur le Japon a été constatée . A Hiroshima, plusieurs ginkgos, situés entre un et deux kilomètres de l'épicentre de l'explosion ont survécu au milieu des cendres et ont repris leur croissance .





Usages du ginkgo

Si le ginkgo présente des qualités ornementales, il est aussi apprécié pour ses qualités gustatives, avec ses graines consommées grillées, usage ancestral en Chine et au Japon . 

Un intérêt thérapeutique .

Depuis des millénaires, la médecine chinoise emploie les graines et les feuilles du ginkgo,  et depuis quelques décennies, la médecine occidentale s'est intéressée à ses vertus, a isolé ses principes actifs, les ginkgolides, pour l'utiliser en phlébologie, contre l'asthme et les problèmes respiratoires.
Les plus vastes surfaces cultivées de ginkgos, couvrent plusieurs centaines d'hectares en Caroline du Nord . 

Une source d'inspiration artistique .




Le ginkgo est toujours un arbre vénéré au Japon, on retrouve donc la forme de ses feuilles sur des symboles (ville de Tokyo), des logos (université d'Osaka), des peintures, estampes, vêtements, poteries, ...etc
En Europe, ses feuilles ont aussi inspiré les artistes des courants artistiques du vingtième siècle .









Poème inspiré par le ginkgo de Goethe, poète et botaniste allemand . 


La feuille de cet arbre
Qu'à mon jardin confia l'Orient
Laisse entrevoir son sens secret
Au sage qui sait s'en saisir .

Serait-ce là un être unique
Qui de lui-même s'est déchiré ?
Ou bien deux qui se sont choisis
Et qui ne veut être qu'un ?

Répondant à cette question
J'ai percé le sens de l'énigme
Ne sens tu pas d'après mon chant
Que je suis un et pourtant deux ?







sources:

 Larousse des arbres . Jacques Brosse . édition Larousse .

  sur internet, le site " The ginkgos pages"( traduit en français) est une bible d'informations sur le ginkgo .


lundi 5 décembre 2022

Le nom des arbres .

Nom commun et nom botanique .

Dans ce blog, le choix a été fait, dans un souci de simplicité, d'employer essentiellement le nom commun (ou vernaculaire) des arbres, accompagné du nom botanique. Car pour la plupart d'entre-nous, le nom commun châtaignier reste plus parlant que son nom botanique Castanea sativa
Cet article a pour objet un rappel de quelques notions simplifiées sur les noms botaniques.




Les noms communs ( ou vernaculaires) des arbres ont leur charme, leur histoire, leurs légendes mais souvent, plusieurs noms communs désignent le même arbre :
    - d'une région à l'autre de France . le hêtre est aussi nommé fayard, fau ou fou, le chêne vert est nommé yeuse en Provence.
    - d'un pays à l'autre: le hêtre se nomme faggio en italien, haya en espagnol, buche en allemand, beech en anglais .

On comprend que ces dénominations multiples sont des obstacles aux échanges d'informations et des sources de confusions pour les botanistes, les amateurs de plantes et les échanges commerciaux . 

Dès l'Antiquité, les savants grecs comme Théophraste et Dioscoride désignaient les plantes avec un nom de genre et d'espèce .
Manuscrit en arabe et en grec, illustrant la fore de Dioscoride

Ces noms antiques ont longtemps été en usage, (le botaniste sarthois Pierre Belon faisait référence à Dioscoride), mais au fil des avancées des sciences naturelles et des découvertes de milliers de plantes nouvelles, il devint nécessaire d'adopter une nomenclature universelle reconnue par tous .







Plusieurs botanistes y contribuèrent et au final, elle fut établie par le botaniste suédois Carl von Linné (1707-1778)  et est toujours en vigueur .




Le nom botanique d'une plante, comme pour tous les êtres vivants, est composé de deux éléments: un nom désignant le genre suivi d'un épithète désignant l'espèce .
Par exemple, pour les pins le nom Pinus désigne le genre et les épithètes sylvestris, nigra, excelsa, pinea, désignent différentes espèces de pins .

La base de l'identification d'une plante est le genre et l'espèce mais le genre est inclus dans des ensembles plus vastes; famille, ordre et embranchement et l'espèce comprend des sous-ensembles plus réduits; variétés, cultivar, hybrides . 

En simplifiant, on distingue pour la classification des plantes :

L'embranchement
On distingue cinq embranchements: les algues vertes, les mousses, les fougères, les conifères, les plantes à fleurs .
Les arbres appartiennent à l'embranchement :
    - des conifères ou Gymnospermes, plantes à ovules nus .
    - des plantes à fleurs ou Angiospermes, plantes où l'ovule est protégé par un organe refermé sur lui-même, le carpelle .

L'ordre
L'ordre regroupe un ensemble de familles, par exemple l'ordre des Fagales regroupe les familles des Fagacées ( chêne, hêtre, châtaignier ..), des Betulacées ( bouleaux, aulnes ..;), des Corylacées (noisetiers, charmes) ..

La Famille
La famille regroupe des plantes ayant des caractères communs, basés sur la structure de leurs fleurs, ce principe a été défini, par étapes, au cours du 18 ième siècle par plusieurs botanistes dont Carl von Linné et Bernard de Jussieu .

L'appartenance des plantes à une même famille est quelquefois surprenante :
    - les pins, sapins et épicea appartiennent à la famille des Pinacées, ce qui ne surprend pas .
    - les pommiers, cerisiers, aubépines, cotoneaster, fraisiers, ronces, reine des prés appartiennent à la famille des Rosacées, qui réunit plus de 5000 espèces, de morphologies très différentes.
    - les paulownias ( arbres à fleurs violettes), les mufliers, les digitales appartiennent à la  famille des Scrofulariacées. 

Le Genre
Le genre rassemble des espèces qui ont beaucoup de caractères en commun, par exemple le genre Prunus regroupe les pruniers, cerisiers , abricotiers, pêchers ..

Le choix des noms de genre s'est fait:

    - à partir de dénominations traditionnelles remontant à l'Antiquité: Pinus, Cedrus, Platanus, Quercus ...sont des noms d'origine grecque ou latine .

    - à partir de noms usuels qui ont été latinisés: Catalpa, Ailanthus, Sophora,  les botanistes-explorateurs ayant adapté les noms donnés dans la région d'origine par les populations locales .

    - en construisant des noms à partir de mots grecs ou latins: le nom "Eucalyptus" a été créé à partir du grec eu:bien et caluptein: coiffer, en référence au chapeau en forme de capuchon qui protège les graines .

    - en hommage à des botanistes reconnus comme pour :
    -Gleditzia ( Févier d'Amérique) en hommage à Mr Gleditsch, directeur du jardin botanique de Berlin.
    -Robinia ( faux-acacia) en hommage à Jean Robin, arboriste d'Henri IV.
    -Davidia en hommage au père David, missionnaire-botaniste en Orient.

L'Espèce

L'espèce regroupe des plantes appartenant au même genre et présentant des caractéristiques communes dans leur port, leur feuillage, leurs fleurs et leurs fruits .

Le nom attribué à une espèce désigne le plus souvent une caractéristique botanique :
    - des feuilles : cordata pour le genre Tilia ( Tilleul) pour renseigner sur la forme en coeur des feuilles, biloba pour le Ginkgo pour une forme avec deux lobes .
    - des fleurs : paniculata pour le Koelreuteria ( savonnier) pour ses fleurs en panicule .
    - des fruits : pedonculata pour le Quercus (chêne) pour ses glands portés par un pédoncule

Le nom attribué à une espèce peut fournir des indications :
    - d'origine géographique, : libani pour le Cedrus ( cèdre) pour son origine libanaise .
    - sur le découvreur de la plante : davidii pour l'Acer ( érable) , arbre découvert par le père David en Orient .

La Variété
La variété est une subdivision mineure d'une espèce, les variétés sont spontanées et peuvent se reproduire par leurs graines en gardant les mêmes caractéristiques .

Le Cultivar
Le cultivar est une variété créée par un pépiniériste .
Picea pungens glauca 'Koster' : Picea désigne le genre, pungens l'espèce, glauca la variété et ' Koster' désigne le cultivar.

L'Hybride
L'hybride est issu d'un croisement entre espèces d'un même genre .
Platanus x acerifolia ( Platane commun) est issu du croisement entre Platanus orientalis 
( origine d'Asie) et Platanus occidentalis (origine des Etats-Unis)  .
Cet hybride est le platane le plus répandu dans nos contrées .



Identification facile.
Avec les applications sur smartphone, il n'est plus besoin de feuilleter les différentes flores pour déterminer le nom botanique ou commun d'une espèce, une photo suffit.
Pour ma part, j'utilise quelquefois l'application Pl@ntNet.







Les arbres et le réchauffement en milieu urbain .


L'arbre en ville: d'un rôle ornemental à une fonction de régulateur du climat.










Depuis l'Antiquité, dans les villes et villages des régions chaudes, les humains ont pris en considération le besoin vital de fraîcheur dans l'organisation des constructions, les matériaux employés, l'aménagement de placettes arborées et de jardins pour satisfaire le besoin vital de fraicheur. 







Depuis le début du 20 ième siècle, on assiste à une croissance urbaine continue.
Aujourd'hui en France, 80% de la population est urbaine dont 50% vit dans une unité urbaine de plus de 100 000 habitants.

 
Le réchauffement climatique global, accompagné d'épisodes de fortes chaleurs estivales est maintenant constaté et reconnu comme problème majeur pour l'ensemble des habitants et particulièrement pour ceux des agglomérations urbaines où le réchauffement s'est amplifié et est devenu nocif pour la santé humaine.
Il devrait faire 4 à 5°C plus chaud en ville d'ici 2050 et on évoque la perspective de villes et de régions du globe qui deviendront invivables dans quelques décennies.  


L'élévation des températures en milieu urbain .

Agglomération de Paris. image Météo France


Quelque soient les villes, on a mesuré des écarts moyens de 2,5°C entre les centres villes et leur périphérie extra-urbaine . Ces écarts peuvent dépasser largement les 5°C pour des quartiers densément construits et lors de conditions anticycloniques .






Nous en connaissons les causes:
  - la densification des constructions avec destructions d'espaces végétalisés.
  - la minéralisation des sols; voies, parkings, places...
  - la nature des matériaux qui stockent de la chaleur.                    
  - une difficile circulation d'air entre les bâtiments. 





Depuis quelques années, des villes ont participé avec divers organismes comme le C.E.R.E.M.A (Centre d'Etudes et d'Expertise sur les Risques, l'Environnement, la Mobilité et l'Aménagement urbain), à des mesures techniques à l'aide de capteurs.

Avec ces mesures, on peut établir une cartographie des îlots de chaleur urbains (I.C.U), pour évaluer l'impact des parcs sur les températures, et mettre en place des référentiels d'outils d'aide à la décision.

Les solutions préconisées peuvent se résumer en 3 groupes:
Des orientations durables pour la qualité de vie dans nos cités devront être prises sans attendre pour réduire le réchauffement climatique urbain .
    - solutions vertes : 
            - en préservant les espaces naturels existants et si nécessaire les densifier avec des plantations .
            - en transformant des surfaces minérales en surfaces perméables et partiellement        végétales.
            - en renforçant la plantation des espaces nus.
            - en créant des trames vertes sur le territoire urbain .
            - en travaillant à l'échelle du territoire  sur les espaces publics et privés .

    - solutions grises : 
               - en luttant contre l'imperméabilisation des sols, des villes ont entrepris la                végétalisation des cours d'écoles et la réduction des sols imperméables de voirie et parkings.
               - en mettant en oeuvre de nouveaux matériaux de construction absorbant moins la chaleur, comme le choix de toitures végétalisées et de matériaux plus clairs.
                - en repensant l'urbanisme avec une intégration des arbres dans les projets urbains, en intégrant les trames vertes et le zonage des eaux pluviales dans les P.L.Ui .

    - solutions douces :
                - en intervenant sur les comportements comme la réduction du trafic routier, de l'usage de la climatisation...


Solutions vertes. Le rôle des arbres.



Parmi les solutions présentées, la végétalisation des espaces n'est pas la plus couteuse ni la plus complexe à mettre en oeuvre, son efficacité est attestée et ses bénéfices peuvent  être ressentis rapidement par les habitants.

L'adaptation des arbres au milieu urbain.
Le milieu urbain est le plus souvent défavorable aux arbres qui doivent :
    - s'adapter à des ressources variables en lumière, richesse des sols, eau et humidité de l'air.
    - supporter les pollutions aériennes et celles des sols.
    - adapter leur développement racinaire avec les réseaux, les voiries, les bâtiments.
    - subir des contraintes dans leur développement par les bâtiments et les réseaux aériens.
Cependant, un grand nombre d' essences d'arbres et d'arbustes peuvent résister à ces contraintes, d'où l'importance d'apporter des informations sur les caractéristiques des végétaux, pour un choix pertinent des essences plantées. 

Les services rendus par les arbres :
   
 - le rôle paysager d'amélioration du cadre de vie.
    - la lutte contre les effets d'îlots de chaleur urbains.
    - l'absorption du CO2, gaz responsable du réchauffement climatique.
    - l'enrichissement de la biodiversité; insectes, oiseaux et vertébrés.
    - la protection acoustique.
    - l'amélioration de la qualité de l'air par fixation des pollutions.
    - l'amélioration de la structure des sols.
    - l'amélioration de l'infiltration des eaux pluviales dans les sols.
    - la production d'énergie renouvelable.

L'impact des arbres sur les températures urbaines et les îlots de chaleur.

Le processus de rafraîchissement créé par les arbres fait, dans quelques villes, l'objet de mesures techniques, essentiellement à l'aide de capteurs fixes ou mobiles, placés dans les parcs et dans les quartiers. Les mesures concernent la température, l'humidité relative, la vitesse et la direction des vents. 
Plusieurs villes comme celle de Nantes, de Clermont Ferrand, de Lille, de Nice ont cartographié les îlots de chaleur et les îlots de fraicheur, pour évaluer l'impact des parcs, des espaces boisés et de l'agencement des constructions sur les températures.

Le projet de recherches CoolParks qui regroupe ces données vise à devenir un outil d'aide à la décision pour optimiser l'apport de fraîcheur des parcs et espaces boisés.

L'effet rafraichissant des parcs sur les quartiers voisins est de l'ordre de plusieurs degrés, mais il n'est guère possible de donner des chiffres moyens car l'impact sur les températures dépend de la taille des espaces verts, de l' orientation des voies des quartiers par rapport aux vents, de la hauteur des bâtiments et d'autres facteurs.
D'où la nécessité d'avoir une démarche locale qui s'appuie sur des données chiffrées.

Comment agissent les arbres pour rafraîchir les températures ?.

L'ombrage:

    Les feuilles captent le rayonnement solaire atténuant le réchauffement des sols et des façades. Il a été montré qu'une augmentation de 10% de la couverture foliaire réduit la température de plus d' 1°C.
Cette donnée met en évidence l'importance du choix des essences, l'ombre du platane et du mûrier est de 80% alors que celle du tilleul est de 60% et celle du sophora de 40%.

L'évaporation:
   
 Les arbres évaporent chaque jour des grandes quantités d'eau par leur feuillage, plusieurs centaines de litres pour de grands arbres. Ce phénomène biologique a une grande incidence puisque cette transformation d'eau liquide en vapeur s'accompagne d'une baisse de la température de l'air.
Cette baisse est plus efficace si les sols ne manquent pas d'eau, d'où l'importance de la perméabilité des revêtements. Naturellement les arbres évaporent plus d'eau dans le milieu boisé d'un parc que sur le trottoir d'une avenue.


D'autres solutions avec le végétal:



  Les toitures végétalisées ont un effet important de réduction de la température de l'air extérieur et intérieure du bâtiment en comparaison des toitures classiques avec des matériaux comme le bardage en acier, l'ardoise ou la tuile. Par ailleurs, elle ne demandent pas d'apport d'eau et leur entretien est réduit.






La végétalisation des façades réduit le réchauffement des murs de bâtiments, leur mise en oeuvre reste plus complexe, avec un choix de plantes précis qui nécessitent des apports d'eau.





 
La façon de concevoir l'urbanisation a encore pour règle, la construction la plus dense des espaces non bâtis pour une rentabilité maximum de la surface au sol. 
La suppression des arbres et des espaces naturels est une des conséquences obligée de ce mode de pensée, tout comme le réchauffement des villes.
  
 Le besoin de réduire la hausse des températures urbaines est un problème global auquel il faut apporter des solutions locales, en repensant la façon de concevoir l'espace public pour une approche durable plutôt qu'une démarche mercantile.
De nombreux leviers sont à actionner, dont celui du végétal, encore trop considéré comme habillage et élément de décor.
 Il tient une place majeure dans notre santé et notre cadre de vie et doit retrouver une prépondérance dans la conception de l'urbanisme de nos cités.